Un début modeste

La rencontre du prèche adventiste cité précedemment a ravivé chez le jeune Charles la détermination à rechercher la vérité biblique. Elle lui a fait reprendre sa Bible et s’y replonger avec plus d’ardeur que jamais. Il en est rapidement venu à croire qu’on n’était pas loin du moment où ceux qui servaient le Seigneur arriveraient à une connaissance claire de son dessein.

C’est pourquoi, en 1870, débordant d’enthousiasme, avec quelques amis de Pittsburgh et d’Allegheny, il a formé une classe d’étude biblique. D’après un homme qui devint plus tard un de ses collaborateurs, la classe se déroulait comme suit: "L’un d’eux soulevait une question. Ils en discutaient. Ils prenaient tous les versets qui se rapportaient au sujet, puis, lorsqu’ils étaient satisfaits quant à l’harmonie de ces textes, ils formulaient leur conclusion et la mettaient par écrit." Comme frère Russell l’a reconnu plus tard, la période comprise "entre 1870 et 1875 a été un temps de croissance constante en grâce, en connaissance et en amour de Dieu et de sa Parole".

À mesure que ces chercheurs sincères de vérité fouillaient les Écritures, beaucoup de choses s’éclairaient pour eux. Ils ont ainsi découvert les vérités relatives à la mortalité de l’âme humaine et ont découvert que l’immortalité était un don que recevraient ceux qui devenaient cohéritiers avec le Christ dans son Royaume céleste (Ézéch. 18:20; Rom. 2:6, 7). Ils ont commencé à saisir la doctrine du sacrifice rédempteur de Jésus Christ et la possibilité que cette mesure offre à l’humanité (Mat. 20:28). Ils ont compris que si Jésus est venu une première fois sur terre en tant qu’homme dans la chair, par contre, à son retour, il serait présent invisiblement en tant que personne spirituelle (Jean 14:19).


Ils ont aussi appris que le but du retour de Jésus ne serait pas de détruire tout le monde, mais de bénir les familles obéissantes de la terre (Gal. 3:8). "Nous étions, a écrit Charles Russell, navrés de l’erreur des adventistes, qui attendaient le Christ dans la chair et enseignaient que le monde et ses habitants, à l’exception d’eux-mêmes, seraient consumés." Ce groupe en est venu à comprendre également que la doctrine de la Trinité n’a aucun fondement biblique, que Jéhovah seul est le Dieu et Créateur tout-puissant, que Jésus est sa première création, son Fils unique, et que l’esprit saint est la force active invisible de Dieu et non une personne. Ces hommes ont également compris que l’âme est mortelle, et non immortelle, que la résurrection est l’espérance pour les morts et que le châtiment réservé aux méchants impénitents est l’anéantissement et non les tourments éternels.

De plus la rançon ou vie de Jésus offerte pour le rachat de l’humanité a été considérée comme un enseignement biblique fondamental. En premier lieu, 144 000 hommes et femmes choisis dès le premier siècle et jusqu’à notre époque doivent être rachetés de la terre pour devenir cohéritiers du Christ dans le Royaume céleste. En second lieu, la rançon payée par le Christ permettra à des milliards d’humains, la majorité d’entre eux étant des ressuscités, d’atteindre la perfection en vue de vivre éternellement sur la terre sous la domination de ce Royaume. Russell et ses compagnons ont également compris que les temps des Gentils, période durant laquelle la souveraineté de Dieu ne serait représentée par aucun gouvernement sur terre, devaient s’achever en 1914. Alors, le Royaume de Dieu serait établi dans les cieux. Ces enseignements sont propres aux Témoins de Jéhovah aujourd’hui.

Les vérités bibliques qui devenaient claires pour ce petit groupe d’étudiants marquaient une nette différence avec les doctrines païennes qui s’étaient infiltrées dans le christianisme pendant les siècles qu’a duré l’apostasie.- jv, WTB and TS.


Des influences, Non franc-maçonnes

George Stetson, et George Storrs (sur la mortalité de l'âme)

George Stetson



Charles Russell a parlé très franchement de l’aide que d’autres personnes lui avaient apportée dans son étude de la Bible. Non seulement il a reconnu qu’il était redevable à l’adventiste Jonas Wendell, mais il a aussi parlé avec affection de deux autres hommes qui l’avaient aidé dans l’étude de la Bible. Il a dit de ces derniers: “L’étude de la Parole de Dieu avec ces chers frères a conduit, pas à pas, à des pâturages plus verdoyants.” L’un, George Stetson, était un étudiant assidu de la Bible, pasteur de l’Église chrétienne de l’avènement d’Edinboro (Pennsylvanie). L’autre, George Storrs, né le 13 décembre 1796, était l’éditeur de la revue Bible Examiner (Le scrutateur de la Bible), à Brooklyn, un district de New York. Il avait été poussé à approfondir ce que la Bible dit de la condition des morts en lisant un écrit publié (anonymement à l’époque) par un homme qui étudiait attentivement la Bible, à savoir Henry Grew, de Philadelphie (Pennsylvanie). 

George Storrs est devenu un ardent défenseur de ce qu’on a nommé l’immortalité conditionnelle: l’enseignement selon lequel l’âme est mortelle et l’immortalité un don que recevront les chrétiens fidèles. Puisque les méchants n’ont pas l’immortalité, disait-il, il n’y a pas de tourments éternels. Cet homme a beaucoup voyagé, donnant des discours dans lesquels il expliquait qu’il n’y a pas d’immortalité pour les méchants. Au nombre des œuvres qu’il a publiées figurent les Six Sermons, qui ont été diffusés à 200 000 exemplaires. Il ne fait aucun doute que les idées de George Storrs — sur la mortalité de l’âme ainsi que sur la propitiation et le rétablissement (de ce qui a été perdu à cause du péché d’Adam; Actes 3:21) —, idées solidement fondées sur la Bible, ont eu une influence considérable et décisive sur le jeune Charles Russell.
Un autre homme, cependant, a eu une profonde influence sur la vie de Charles Russell et a mis à l’épreuve son attachement fidèle à la vérité biblique.

Nelson Barbour (sur la présence du Seigneur)

Un matin de janvier 1876, Charles Russell, âgé de 23 ans, a reçu un exemplaire d’un périodique religieux intitulé Herald of the Morning (Messager du matin). C’était un écrit adventiste: il l’avait reconnu à l’illustration de la couverture. Le rédacteur en chef, Nelson Barbour, de Rochester (État de New York), croyait que le but du retour du Christ n’était pas de détruire les familles de la terre, mais de les bénir, et que sa venue ne serait pas dans la chair, mais en tant qu’esprit. Or c’était tout à fait ce que croyaient depuis quelque temps Charles Russell et ses compagnons d’Allegheny! Par contre, curieusement, Nelson Barbour croyait, en se fondant sur des prophéties chronologiques de la Bible, que le Christ était déjà présent (invisiblement) et qu’on était déjà au moment de la moisson, du rassemblement du “blé” (c’est-à-dire des vrais chrétiens composant la classe du Royaume). — Mat. chap. 13.

Jusque-là, Charles Russell ne s’était pas arrêté sur les prophéties chronologiques de la Bible. Mais, à présent, il se posait des questions. Voici son témoignage: “Se pouvait-il que les prophéties chronologiques, que j’avais négligées si longtemps parce que les adventistes s’en servaient à mauvais escient, aient été données pour indiquer quand le Seigneur serait invisiblement présent afin d’établir son Royaume?” Charles Russell avait une soif si insatiable de vérité biblique qu’il lui fallait en savoir plus. Il a donc obtenu un rendez-vous avec Nelson Barbour à Philadelphie. Cette rencontre a confirmé qu’ils s’accordaient sur de nombreux enseignements bibliques et leur a donné l’occasion d’échanger leurs points de vue. “À notre première rencontre, a écrit plus tard Charles Russell, je lui ai beaucoup appris sur la plénitude du rétablissement fondé sur la valeur de la rançon donnée pour tous, de même qu’il m’a beaucoup appris au sujet de la chronologie.”- jv, WTB and TS